Le CAPES DOC a 30 ans…

… et le Congrès de l’APDEN, lui, au moins, donne espoir et nous empêche de tourner en rond !

Tagué ,

Le CAPES DOC a 30 ans !

Pour celles et ceux qui comme moi ne peuvent se rendre au Congrès de l’APDEN à Grenoble, je partage les dessins de l’expo ci-dessous !

 

Tagué ,

Au CDI, Sisyphe, ce n’est pas un mythe !

Tagué

Anti-stress, oui, mais pour qui ?!

Si cela pouvait faire aussi ventilateur au CDI, ce serait bien !

Tagué ,

#Algorithme, un ami qui vous veut du bien ?!

Quelques notes pour essayer de comprendre comment les algorithmes classent l’information en ligne.

Ces notes font suite à une conférence de Dominique Cardon, auteur de A quoi rêvent les algorithmes ?

Le mot algorithme est entré dans l’espace public, soit de façon très critique, soit de façon prometteuse mais il repose sur un stéréotype : le remplacement des journalistes (des humains, intelligents, sagaces) par des machines (bêtes, brutales, rationnelles). Or, on doit penser les deux ensemble, ne pas opposer l’humain et les artefacts techniques. Ils produisent des effets qu’on doit comprendre. On ne doit pas abandonner cela aux informaticiens. Ceux qui conçoivent les algorithmes de classement de l’information ont des intentions, des patrons qui les payent. Ce projet est inscrit dans la forme calculatoire.

On ne peut refuser le calcul mais on peut en faire un débat : nous voulons être calculés autrement que nous le sommes actuellement.

On peut utiliser une métaphore pour évoquer 4 familles de classement de l’information dans le web :

  • On peut mettre le calculateur à côté des données, ce qui en sort, c’est la popularité.
  • On peut le mettre au-dessus, ce qui en sort, c’est l’autorité.
  • On peut le mettre dedans, ce sera de l’ordre du réputationnel
  • On peut le mettre sous les données, on aura alors de la prédiction individuelle.

4 signaux nourrissent cette interface utilisateur/document :

  • Le lien hypertexte
  • Le bouton social : ex, le like
  • La vue : le clic
  • La navigation : la trace des clics

1) « A côté » : le web de la popularité

Les acteurs du marché ont repris des techniques de mesure des médias traditionnels. Pour mesurer la popularité du web, on compte le nombre de clics. Ce sont les données d’audience. Cela nourrit le prix des annonces publicitaires et c’est démocratique : « Je suis populaire car les gens ont voté pour moi », cela ne veut pas dire que l’information est de qualité. Cet algorithme peut être truqué (robots cliqueurs).

2) « Au-dessus«  : le web de l’autorité, de la notoriété

C’est lié à l’esprit du web des pionniers. Cf. le PageRank, classement de l’information sur Google. Une information classée sur la 1ère page n’est pas forcément la plus populaire, elle est bien classée car il y a beaucoup de liens hypertextes. Pour classer une revue scientifique, on regarde combien d’autres revues l’ont citée, cela lui confère une autorité. Cela ne dit rien de la qualité, bonne ou mauvaise, de cette revue. Quand on est cité, on est au centre du débat. C’est un système méritocratique : tous les liens n’ont pas le même poids. Mieux vaut être cité par Le Monde que par un blog inconnu.

Ce sont des documents qui parlent à des documents = un graphe de documents. L’autorité est ce qui circule entre les textes. C’est le rêve du PageRank, un rêve naïf car truquable : il suffit de se citer soi-même sur d’autres sites web ou de créer de faux sites, etc.

Avec la réforme de l’algorithme de Google, une partie des truquages ont perdu leur force. Google fait la loi et la police en même temps et peut déclasser un site pendant 6 mois. Google prétend se mettre au-dessus des internautes mais ne veut pas que ces derniers agissent en fonction de l’algorithme. La visibilité se mérite ou s’achète, on ne mélange pas les deux, selon Google. J’ai été cité parce que je le mérite (site de qualité), sinon j’achète des mots-clés en payant Google. Cela écrase le web : sites cités par tout le monde. Ce sont des sites centraux mais ils peuvent être plats, sans éclat.

Pourtant tout le monde ne fait pas de liens hypertextes. Ce système de classement de l’information ne prend pas en compte le partage (commentaires, like, retweet), d’où la 3ème famille de classement de l’information.

3) « Dedans » : le web de la réputation, le web social

On éclate le web social sur les individus. Ce réseau d’affinités est constitué d’amis Facebook, de followers. Par le partage, le like, je porte une qualité sur le document et cette qualité rejaillit sur la personne, c’est son identité numérique, son image sociale.

Ce sont des documents et des personnes (profils, identités numériques) ensemble et non plus des documents qui parlent à des documents. Le calculateur est « dedans« , il ne se cache plus, il est sur la page Twitter des individus. Il sait qu’il modifie la réalité : on agit en fonction de cela. Par exemple, on n’envoie pas un tweet le vendredi à 17h mais le mardi à 11h. La question n’est pas de bien mesurer mais d’améliorer ses performances. Les algorithmes sont alors des outils de mise en compétition dans un processus d’amélioration des performances. Les deux s’imbriquent : le naturel et l’artificiel.

Là aussi le système de calcul peut être truqué : on peut acheter de faux-amis.

Le web social crée une tension étrange : ce que disent les gens sur les réseaux n’est pas exactement ce qu’ils sont, c’est une projection d’eux-mêmes. Ils livrent une information auto sélectionnée.

4) « En-dessous » : le web de la prédictivité

Le calculateur est mis sous les données. On mesure juste pour l’individu et lui seul en enregistrant ses traces. Ce qui compte, c’est ce que les gens font vraiment, pas ce qu’ils disent. Ces algorithmes s’intéressent aux comportements plus qu’aux représentations. Ex : voir le ticket de caisse. Dans la trace, il y a une sorte de vérité du social. On va conseiller à l’individu un déplacement, un livre, etc. Ce calcul se fait depuis ses traces. On peut poser une probabilité subjective sur un événement à venir même si cela choque les statisticiens. Les calculateurs modifient leurs calculs pour reconfigurer la valeur initiale pour réussir à apprendre. Le modèle apprend des comportements des utilisateurs. La machine définit à elle-même ses propres règles. C’est ce que fait Google : si plusieurs utilisateurs cliquent sur le 4ème lien, Google va le mettre en 1er. Cette technique, le deeplearning, se développe et connaît un succès croissant.

En conclusion :

Cela nourrit beaucoup de science-fiction ! Mais la machine calcule le passé, ne « voit«  pas le futur. On est régulier et monotone ! La bulle, c’est nous qui la faisons, pas les algorithmes. Par exemple, quand on choisit nos amis, on crée un espace de confort qui nous ressemble. C’est nous qui éduquons les algorithmes. Pour que l’on soit addict à leur système, Facebook, Twitter, nous fournit ce que nous voulons. Facebook n’a pas de programme politique, il n’a pour programme que de nous faire rester plus longtemps sur Facebook. Si je clique sur Le Monde et Libération, Facebook ne me donnera pas Le Figaro mais il le pourrait, il s’intéresse juste à nos nombres de clics. L’algorithme calcule à partir de nos traces, il ne passe pas par le rapprochement à des catégories. Il rapproche l’individualité d’autres individualités.

La métaphore du pouvoir ou du capital qui nous calcule, nous contrôle, est donc inadaptée. On critique trop les algorithmes.

On fabrique un monde de l’utilité et de l’efficacité par ces algorithmes.

Pourquoi les algorithmes ne nous surprendraient-ils pas ?! Pourquoi le GPS nous proposerait-il toujours la route la plus courte, la plus rapide ? Pourquoi pas la route la plus belle ?

Pour aller plus loin :

– Biographie de Dominique Cardon : http://www.medialab.sciences-po.fr/fr/people/dominique-cardon/

Suivre Dominique Cardon sur Twitter : @Karmacoma

– Lire : A quoi rêvent les algorithmes : nos vies à l’heure des big data. Seuil : La République des idées, 2015. Présentation et extrait sur le site de l’éditeur : http://www.seuil.com/ouvrage/a-quoi-revent-les-algorithmes-dominique-cardon/9782021279962

Dominique Cardon sur France Culture : https://www.franceculture.fr/personne-dominique-cardon.html

– Interview le 9 octobre 2015 pour Libération suite à la parution de son livre : « Dominique Cardon : «En calculant nos traces, les algorithmes reproduisent les inégalités entre les individus» par Anastasia Vécrin et Amaelle Guiton. http://www.liberation.fr/debats/2015/10/09/dominique-cardon-en-calculant-nos-traces-les-algorithmes-reproduisent-les-inegalites-entre-les-indiv_1400735

– « Pour Dominique Cardon l’algorithme est entré dans le débat public… et c’est tant mieux. », article du 29 avril 2016 sur le site L’usine digitale : http://www.usine-digitale.fr/article/pour-dominique-cardon-l-algorithme-est-entre-dans-le-debat-public-et-c-est-tant-mieux.N389198

– Entretien du 2 novembre 2015 avec Olivier Tesquet sur le site de Télérama : « Les algorithmes sont-ils vraiment tout puissants ? » : http://www.telerama.fr/idees/les-algorithmes-sont-ils-vraiment-tout-puissants,133304.php

– A lire aussi sur Les trois couronnes de Pascal Duplessis : L’algorithme : une notion info-documentaire à didactiser ? http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/didactique-information/l-algorithme-une-notion-info-documentaire-a-didactiser

– Sur le Blog du modérateur : « Comment fonctionne l’algorithme Twitter ? » par Fabian Ropars, 8 mars 2017 : http://www.blogdumoderateur.com/comment-fonctionne-algorithme-twitter/

Tagué , , , , ,

Y’a des jours comme ça…

ya-des-jours-comme-ca

Tagué ,